Issy-les-Moulineaux
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Un an après, quel bilan ? L’interview de Martine Vessière

Aujourd’hui, dans le cadre de notre série exclusive d’entretiens avec vos élus Vivre Issy Pleinement, place à Martine Vessière, tête de liste lors des municipales! Habitante du quartier Les Varennes, elle représente également les Isséens au sein de Grand Paris Seine Ouest (GPSO).Voici son bilan de cette première année de mandature.

Il y a un an, vous faisiez votre entrée au conseil municipal sous cette nouvelle mandature. Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?

Sereine et satisfaite d’être élue au service des Isséens.

Quelques élus issus de la majorité municipale, écartés en 2017 par André Santini décident en juillet 2019 de mener une réflexion sur la Ville afin de bâtir une ébauche de programme tout en interrogeant des Isséens. Des idées émergent, de nouvelles personnes motivées se joignent à nous, et impulsent l’idée d’une candidature aux futures élections municipales. Il fallait bâtir une liste de 51 noms : nous le réalisons ! Il fallait obtenir un score supérieur à 5% : nous l’avons fait ! Avec 12,72% des suffrages exprimés !

Quel regard portez-vous sur la ville un an après ces élections ?

Nous sommes dans une ville qui continue de bétonner à outrance alors que cette année de pandémie devrait nous amener à porter un autre regard sur notre habitat, notre cadre de vie, la moindre nécessité de bureaux. A ce jour, aucune réflexion sur ce sujet n’est ouverte et la municipalité refuse d’entendre les propositions des élus d’opposition. Je crois que nous devrions tous participer à cette réflexion : nous aussi représentons la population isséenne ! Et la majorité municipale continue comme si de rien n’était… Selon nous, l’habitat doit s’adapter, le travail à distance doit modifier la conception des appartements et des immeubles : à quoi cela sert-il de continuer de construire des immeubles de bureaux comme en cœur de Ville ? Ce ne sont pas les conversations citoyennes qui se sont tenues en novembre, dont les questions étaient pour beaucoup fermées, avec des réponses attendues par le maire, qui ont fait évoluer la situation : parodie de démocratie !

Quels combats ou actions avez-vous portés tout au long de cette année ?

Deux combats prioritaires : le cadre de vie (urbanisme et constructions, mobilités… . ) et la sécurité qui rejoint le premier sujet.

Y a-t-il eu dans la gestion de la ville par la majorité municipale, des évolutions liées aux propositions de l’opposition ?

Certains points mis en avant dans notre programme ont été repris dans les 15 priorités de la majorité municipale comme pour les mobilités douces (mais le COVID a eu un impact majeur dessus !), le concept de ville du quart d’heure, la valorisation des commerces de proximité et l’implantation de commerces solidaires. Mais la majorité est beaucoup plus dans la communication que dans l’action à travers ses priorités.

Par exemple, la municipalité déclare vouloir « associer toujours plus les citoyens dans la vie locale » via les instances de conseil (CESEL et Conseils de quartiers). Lorsque l’on voit quelles sont les candidatures qui ont été retenues par la ville pour composer le CESEL, on ne peut que s’étonner d’un décalage entre le discours et les actes ! Les candidatures d’Isséens proches de Vivre Issy Pleinement, ont toutes été refusées !

Quant à la solidarité et à la convivialité que la ville met en avant, il y a encore beaucoup de progrès à faire en termes d’aménagements ! Par exemple concernant les bancs : observez quand vous vous promènerez dans la ville qu’ils sont quasi-inexistants. Où est donc la convivialité ?

On a assisté récemment à des problèmes de délinquance importants, que ce soit des rixes entre bandes de jeunes, des cambriolages ou même des agressions physiques. Comment jugez vous la réponse apportée par la municipalité ?

Même si la municipalité travaille en collaboration avec la police nationale implantée à Issy-les-Moulineaux, la réponse est trop légère. La politique de prévention conduite par le maire a été judicieuse dans les années 80 mais n’est malheureusement plus suffisante. Pour la municipalité, la prévention de la délinquance passe quasi-exclusivement par la mise en place d’activités culturelles et de loisir à destination de la jeunesse. Conduites par le CLAVIM, ces activités concernent nos enfants, nos jeunes isséens, mais ne touchent pas les jeunes venant de Paris ou Boulogne par exemple. Or, notre Ville s’est ouverte physiquement et à juste titre depuis 40 ans, et sert de point de rencontres à diverses bandes venant de ces villes, et dont le regroupement est facilité par les réseaux sociaux. Quoiqu’il en soit, cette politique a même ses limites auprès des jeunes isséens : ils échappent à cette prévention puisqu’une bande émanant du lycée Ionesco sévit alors que ce lycée est devenu un lycée uniquement de secteur, sans aucune voie professionnelle amenant des jeunes de l’extérieur.

Quelles sont vos préconisations pour tenter d’endiguer le problème ?

Nous sommes à un stade où il convient d’étudier toutes les solutions : caméras, police municipale (l’Etat accordant des aides pour ce faire, incitant même les communes à s’en doter). On ne peut pas accepter trafic de drogues, rixes, vols répétés, et courir le risque que toutes ces pratiques s’étendent sur notre Ville.

Sur le sujet de l’urbanisme, il y a une fronde de plus en plus importante des citoyens dans de nombreuses villes d’île de France et plus particulièrement de petite couronne. Certains collectifs se constituent à Issy mais la ville ne semble décidément pas prête à les entendre. Comment l’expliquez-vous ?

Le collectif du 4 septembre (collectif de riverains constitué suite aux projets de construction envisagés par Viparis, gestionnaire du parc des expositions) a obtenu gain de cause car l’hôtel prévu à l’angle de la rue du 4 septembre et de la rue Ernest Renan qui demandait un réhaussement du PLU de 25 à 35 mètres ne se fera pas. Mais c’est peut-être le fruit de la conjoncture défavorable liée à la crise sanitaire ! Après tout, les hôtels de ce carrefour ne peuvent vivre que grâce aux salons et congrès : existeront ils encore après la crise sanitaire ? L’hôtel Mariott situé à deux pas est en faillite… .

Les promoteurs immobiliers sont devenus des opérateurs urbains, des ensembliers urbains c’est-à-dire que la Ville n’aménage plus directement son territoire.  Après avoir défini son cahier des charges sur une zone donnée, elle confie cette zone à un opérateur urbain qui coordonne le projet de bout en bout, sans négliger la rentabilité financière qui structure toutes les entreprises qui collaborent au projet.

Donc, si des associations peuvent se mobiliser, elles doivent le faire avant que le projet ne soit confié. Après, les ajustements se font à la marge et directement avec l’opérateur urbain… .

L’un des premiers exemples à Issy est celui du Fort, qui a été coordonné par Bouygues. C’est d’ailleurs Bouygues qui était l’interlocuteur des associations du Fort et voisines pendant tous les travaux afin que tout se passe bien et ensuite, avec les habitants (relaté dans une thèse révélatrice sur ce sujet, « quand les promoteurs immobiliers produisent la ville de demain »).

Bien évidemment, ce système est plus facile à mettre en place si on démolit-reconstruit de larges zones au lieu de les rénover ! Or, les démolitions-reconstructions sont à exclure de par leur impact carbone trop important et les contre-coups humains qu’elles entrainent inéluctablement ! Nous nous félicitons de l’attribution du prix Pritzker aux architectes Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal qui sont dans le concept du « faire avec » tout en donnant de l’espace, toujours dans l’intérêt des résidents, dans une économie de moyens. Donc, ils excluent la démolition-reconstruction ! Voilà des architectes qui seraient bienvenus à Issy !

Pensez-vous que l’on puisse concilier bien-être en ville et toujours plus de densification ?

Non et ce n’est pas la plantation en grande pompe de deux arbres en Cœur de Ville pour inaugurer la soi-disant plus grande forêt urbaine de région parisienne qui changera la donne. Il faut impérativement freiner la densification.

Et végétaliser les façades est favorable à notre bien-être mais ne remplace pas un jardin sur lequel marcher… .

Quel modèle alternatif proposer ?

Il est nécessaire d’aérer la Ville, la rendre esthétique et harmonieuse. Les immeubles en construction avancent trop sur les rues, les trottoirs sont réduits comme en cœur de Ville ou sur l’avenue de Verdun, qui sont des lieux particulièrement oppressants. Les immeubles tout en verre sont esthétiques à la construction mais s’apparentent à un bazar organisé dès qu’ils sont habités : leur usage a-t-il bien été pris en compte ou bien un architecte s’est-il simplement fait plaisir ? Certains immeubles pris isolément semblent esthétiques, mais une fois alignés avec d’autres, aucune harmonie ne s’en dégage, voire une désharmonie s’installe ! Un architecte coordonnateur de la Ville serait nécessaire, ce que nous avions proposé durant la campagne.

Les finances de la ville sont réputées pour être saines, et les taux d’impositions demeurent très bas. Pourquoi avoir fait des finances un enjeu majeur de votre programme ?

Ce n’était pas le premier des enjeux de notre programme. Toutefois, c’était un point important et qui le reste car des projets actuels dérapent : le parc municipal des sports qui deviendra la cité des sports tant le projet est pharaonique, en est le plus vibrant exemple. On peut y ajouter l’école des Epinettes dont le coût entre 2015 et maintenant a plus que doublé parce qu’on y a ajouté des espaces supplémentaires face à des salles de classes qui seront plutôt réduites… . La halle Christiane Guillaume sera reprise alors que la garantie décennale est échue depuis peu : normal ?

D’autre part, la Ville a de nombreuses DSP (Délégations de Services Publics) dont nous demandons un audit : on connait le nombre de salariés de la Ville mais pas le nombre de personnes travaillant indirectement pour elle ! Nous devrions être en mesure de comparer la gestion des services publics par la ville d’un côté, et par les DSP de l’autre. On pourrait alors revoir la pertinence d’avoir recours à ces DSP.

Sur le sujet de la démocratie locale, les instances ont été renouvelées cette année (CESEL et conseils de quartiers). Êtes vous parvenus à vous y implanter ?

Il est impossible de s’implanter au CESEL dont le nombre de membres a été réduit par la majorité qui choisit elle-même ses membres. Toute personne nous étant favorable et ayant candidaté a été refusée.

Quant aux conseils de quartiers, certains des nôtres ont fait une belle campagne et ont été élus avec le meilleur score. Ils pourront présenter nos vues dans ces instances.

Si vous deviez retenir une chose de cette première année de mandature, laquelle serait-ce ?

La satisfaction de nous être implantés, de compter en conseil municipal après une entrée en mandature extrêmement pénible où nous avons dû essuyer la grossièreté du maire. 

Un message particulier à adresser aux Isséens ?

Nous constituons une association « Vivre Issy Pleinement » afin de poursuivre nos actions et de renforcer notre présence sur le territoire. Nous invitons les isséens à nous rejoindre pour préparer l’avenir de la ville !

Nous espérons que cette série d’entretiens vous aura intéressée et qu’elle vous aura permis de mieux connaître vos élus Vivre Issy Pleinement et leur engagement. Vous en savez désormais un peu plus sur l’envers du décor pour cet espace qui compte et que nous aimons autant que vous : notre ville!

Vous avez envie vous aussi de vous engager pour Issy-les-Moulineaux ? Vous partagez notre vision pour la ville ? Rejoignez-nous : vivreissypleinement@gmail.com

A bientôt!

Une réponse

  1. Yaël Feldhendler dit :

    La ville ne s’ occupe pas assez des handicapés, notamment les handicapés physiques.Il n’ y a pas assez de spécialistes médicaux.La mosquée suscite aussi des inquiètudes

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